Je m’oblige à être drôle pour oublier que la vie ne l’est pas
- Sinik -
J'ai vécu mes deux premières années de primaire à l'école Jules Ferry de Pégomas et déjà je commençais à draguer les nanas. J'étais quand même un élève sérieux mais très dissipé surtout quand je voyais les autres faire des bêtises. Je me souviens du CP, j'étais tombé raide dingue d'une jolie fille brune au teint mat, Sabrina. Pourtant j'étais un bout de chou mais je pense qu'elle me trouvait beau-gosse...
Parmi les autres souvenirs que j'ai de cette époque, je me souviens de ma première colonie de vacances où on était partis à Valberg durant quinze jours et pour moi c'était la première fois que je quittais mes parents. Mais j'avais quand même une boule à l'estomac et ça s'est très bien passé, j'étais auprès de mes copains et copines.
On n’a pas fait de ski car la neige est tombée à quelques jours de la fin des vacances, c'était sympa quand même. Mes parents sont venus me voir un week-end au volant de la deux chevaux. Mon frère Fab venait de naître, son arrivée m'a vraiment procuré une grande joie. Il était assis sur son siège bébé à l’arrière de la deux chevaux ou la deudeuch qui était la voiture à la mode dans les années 80. Dommage que nous l’ayons pas gardée, maintenant c’est un véhicule collector.
Mon cousin âgé de trois ans m'avait envoyé une lettre. Et oui, on est très doué dans la famille... non je plaisante, il avait écrit, mais sa mère lui tenait la main et ça m'avait fait super plaisir.
Ensuite on a dû déménager au Plan de Grasse, où j'ai fait surtout la classe de Ce2, Cm1, Cm2 et j'ai aussi porté des lunettes. Je m'amusais à les bloquer sous les paupières pour agrandir les yeux et ça me faisait une belle tête de vainqueur ! Je portais des lunettes pour un léger début de strabisme qui par la suite c'est atténué, mais de toute façon j'ai maintenant des troubles visuels qui ne peuvent s'améliorer même en portant des lunettes car mon nerf optique est lui aussi touché.
Les maîtres d'école disaient surtout que j'étais un élève très sérieux et rêveur. Le mercredi quand on montait à Gréolières, je skiais plus difficilement que les autres. D’ailleurs à cette époque j'ai obtenu l'ourson alors que mes camarades ont obtenu facilement le flocon voire la première étoile. Mais les moniteurs de ski et les accompagnateurs m'appelaient l'automate car j'étais très tendu sur mes skis, mais j'y arrivais quand même. Je me souviens aussi de la galère que c'était quand il fallait ramener les skis sur l'épaule et marcher en utilisant les chaussures de ski. Il y en avait même un qui courait avec fada.
En Cm2 je me suis inscrit à la pelote basque (oui c'est un sport ce n'est pas du tricot) que j'ai pratiqué durant un an. Je me rappelle que mon père m'avait fabriqué une Pala en bois. On peut apparenter ça à une raquette mais il faut vraiment taper très fort ! Il m'avait peint l'écusson du Plan de Grasse sur la Pala. Ensuite il me l'a toute vernie et qu'est-ce que j'étais fier !
On jouait, à l’aide de balles noires très dures, je me souviens qu'il existait plusieurs sortes de balles : une pastille bleue pour les plus souples, les vertes intermédiaires et les rouges très dures. Il fallait faire attention, une balle rouge lancée à pleine vitesse pouvait tuer un homme. Mon entraineur de l'époque s'en est déjà pris une en pleine face, fada ça doit bien calmer ! Ma seule compétition de pelote je l'avais faite sur le fronton en plein air de Villeneuve Loubet. On avait aussi essayé la chistera. Tu te rappelles de la série Deux flics à Miami ? Il y avait au début du générique quelques images de chistera. Ça se joue en utilisant un panier en osier en arc de cercle qui suit le prolongement du bras. Ça demandait une certaine technique pour renvoyer la balle.
Ensuite ça a fini par me lasser un peu. Les quelques jeunes présents étaient beaucoup plus balèzes que moi, normal à 10 ans, 1,28m, je n’étais pas costaud. Bien entendu ça c'est du sport, mais je préférais continuer en loisir avec mes camarades. Mais là on prenait carrément nos raquettes de tennis et des balles plus grosses. On s'amusait tout aussi bien et sans relâche. On allait sur les cours de tennis de la Paoute. A chaque fois on revenait les sacs pleins de balles. Nous on allait les chercher dans les buissons et juste à côté des terrains de tennis il y avait un terrain de cross. J'adorais ça, mon BMX, les bosses, les tremplins quand il y avait de la boue aussi, on se mettait bien minables les pantalons.
Qu'est-ce que j'ai pu en faire des bêtises chevauchant mon BMX. Parfois on se suivait à plusieurs, on faisait un parcours et on essayait de ne pas poser le pied à terre. On calait des escaliers, on sautait des trottoirs. Je me souviens d'un copain, Greg, c'était souvent le premier de la file car il pratiquait déjà le BMX en compète. Il n'avait peur de rien, même pour descendre des escaliers à chaque fois il nous disait "Tiens le guidon bien ferme et recule toi un peu sur la selle!". Nous on avait peur mais on le faisait quand même.
Il nous est aussi arrivé de prendre les gros mammouths, les gros pétards, on les allumait, on les foutait dans une boîte aux lettres et on partait à fond la caisse munis de nos vélos.
J'allais souvent au collège en BMX et une fois un mec du collège est arrivé derrière moi en pilotant son 103 et il me fait : "Tu veux que je te pousse ?" Moi j'ai dit oui mais je ne m'y attendais pas. Sans mentir j'ai dû rouler facile à 50km/h. D'ailleurs j'ai mis un coup de frein et le patin s'est carrément usé en une fois. J'avais les jantes toutes noires.
Je suis complètement athée, par contre ce gars m’inspirait une protection biblique. Il se prénomme Jésus (sans déc), c’est le frère d’un de mes camarades de classe. Leurs parents sont d’origine espagnole comme moi donc je m’entends bien avec eux. D’vinette : pourquoi les prisonniers affectionnent-ils autant les mobylettes 103 ? Parce que c’est le seul moyen de transport où l’on peut conduire les mains menottées, c’est idéal.
Je me rappelle aussi que le mercredi après-midi on faisait des ateliers informatiques en utilisant les vieux PC Amstrad. Ces ordinateurs où on mettait la cassette du jeu ou du programme dans le clavier et ça mettait trois ans à charger. Dans les temps anciens, les appareils étaient exagérément gros et d’une robustesse à toute épreuve. Ces magnétoscopes énormes avec l’éjection mécanique de la cassette sur le dessus, ça faisait une déflagration d’enfer.
Ces téléphones high tech avec le cadran qui tournait, fada si tu te trompais de numéro il fallait tout reprendre au début. Sans oublier le gros écouteur pour suivre les conversations à deux.
Les premières télés couleurs...L’écran étant tombé, Il fallait changer manuellement les chaines. Une fois papa était grippé, fiévreux, au lit, privé de toute sa vigueur. Il avait installé la télé du salon dans sa chambre. Il avait récupéré de son travail une longue baguette de 2,50m pour éviter de se lever pour changer les chaines.